lundi 11 juin 2012

Middlesex



Le roman parcourt trois générations. Desdemoda, la grand-mère du narrateur et son frère Lefty qui fuient leur Grèce natale à cause des affrontements turcs à Smyrne. Là où plus personne ne les connaît ou presque, l’attirance qui les unit devient plus forte et ils se marient. Deuxième génération : Milton, leur fils né en Amérique et sa femme Tessie. Et enfin : Calliope, protagoniste androgyne.


Calliope Stephanides est la narratrice de l’histoire. A l’adolescence, elle découvre qu’elle a deux sexes, elle est née hermaphrodite… A la recherche de son identité, elle va creuser son passé et déterrer les souvenirs de chacun des membres de sa famille.

Des années 20 en passant par la seconde guerre mondiale, aux années 70 avec les affrontements de Détroit, on assiste à une véritable  description de la société américaine.

Un roman hors norme comme Jeffrey Eugenides aime nous en livrer. Une histoire bouleversante qui fait réfléchir sur la différence. Middlesex a reçu le prix Pulitzer en 2003.

J’ai dévoré ce roman en quelques jours. Les 3 générations nous livrent leurs questions existentielles, leurs difficultés et leurs joies. On se plonge dans la vie des Stephanides, on vit avec eux, leur quotidien et leur histoire à travers les années qui passent. Desdemoda surtout est un personnage fantastique. Mariée à son frère, elle croit avoir déclencher la colère des dieux. La partie sur Smyrne est aussi très intéressante, on découvre les affrontements entre les turcs et les grecs, l’extrême violence qui envahit la ville et la fuite des riverains.

  • Poche 656 pages
  • Editeur Seuil
  • Collection Points
  • Jeffrey Eugenides 2002 

"Il était une heure. Une léthargie post-prandiale régnait dans la classe. La pluie menaçait. On frappa à la porte. Comme tout le monde, je levai les yeux. Sur le pas de la porte se tenait une rousse. Deux nuages se croisèrent dans le ciel, laissant passer un rayon de soleil. Ce rayon frappa la verrière de la serre. Passant à travers les géraniums, il leur emprunta la lumière rosée qui, maintenant, dans une sorte de membrane, enveloppait la fille. Il est également possible que ce fût pas le soleil qui ait fait tout cela, mais une certaine intensité, un rayon d'âme, issu de mon regard. Une partie de mon intérêt était scientifique, zoologique : jamais auparavant je n'avais vu une créature avec autant de tâches de rousseur. Il y avait eu un big-bang, dont l'origine se situait sur l'arête de son nez, et la puissance de l'explosion avait propulsé des galaxies jusqu'aux confins de son univers courbe au sang chaud. Il y avait des amas de tâches sur ses avant-bras et ses poignets, toute une Voie Lactée sur son front, et même quelques quasars éparpillés dans les replis de ses oreilles. Puisque nous sommes en cours d'anglais, permettez-moi de citer un poème : "La beauté bigarrée", de Gerard Manley Hopkins qui commence ainsi "Gloire à Dieu pour les choses mouchetées". Quand je repense à ma première réaction, elle me paraît avoir été suscitée par l'admiration de la beauté naturelle. Je veux parler du plaisir du coeur provoqué par la vision de feuilles bariolées ou de l'écorce pareille à un palimpeste des platanes de Provence. Il y avait quelque chose d'attirant dans la combinaison de ses couleurs ; les petits bouts de gingembre flottant sur la peau d'un blanc laiteux, les reflets or de la chevelure blond vénitien. C'était comme l'automne, de la regarder. C'était comme d'aller dans le Nord voir les couleurs". 


Jeffrey Eugenides est également l’auteur de Virgin Suicides un roman adapté au cinéma par Sofia Copola en 1999.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire